Jeudi 16 juin 2011 une bande d'économistes à l'esprit pervers, réunis donc sous l’oriflamme du « Manifeste pour un débat sur le libre échange » révèlaient au monde aussi entier qu’ébahi, via un sondage ( * ), ce que seuls les aveugles ( dont certains nous gouvernent ) s'entêtent à ne pas voir : la mode de la saison printemps / été est au protectionnisme dans notre pays. Le français dit moyen l’appelle de ses vœux ainsi qu’à la mise en place de mesures éponymes. Et probablement aussi pour la saison automne / hiver… ainsi que les suivantes…
Les détails de ce sondage indiquent clairement que les Français, pas aussi
Ce sondage révèle l’esprit frondeur voire insurrectionnel de l'opinion probablement lié au fait que ceux qui n’ont plus rien ou plus grand-chose à perdre et qui n’ont pas d’espoir de lendemains plus doux sont sans cesse plus nombreux. Petite digression. Il y a quelques jours, David Pujadas, l’œil larmoyant comme celui d’un vieux chien de chasse, présentait, au JT de Fr2, un sondage sur « l’optimisme » dans le monde. 87 % des chinois étaient optimistes quant à leur futur, 58 % des américains… 25 % des allemands… 17 % des français… Continuons à bouffer du Prozac...
Retour au sujet. Notre opinion publique n’a jamais, à l'inverse de celles des pays anglo-saxons, été acquise au libre échange. Cette philosophie économique ne compte chez nous ses adeptes que dans un microcosme toujours protégé. A la lumière des incendies islandais, grec, portugais… voire bientôt belge, espagnol et italien, les Français ne vont-ils pas contraindre leurs dirigeants à opérer une grande et nécessaire remise en cause intellectuelle ?
Naturellement, lors de la campagne pour l’élection présidentielle, chaque candidat brassera beaucoup d'air en prenant des postures de matamore et apportera de l'eau au moulin de la régulation. Nous entendrons des phrases qui claquent comme des coups d’arrêt à ce cancer économique ( car il est là le cancer de notre société Monsieur Wauquiez et pas où vous vous plaisez à le localiser ) : régulation mondiale, Europe sociale, Europe du développement durable avec dans la voix, des trémolos d’orateurs dignes « de la Constituante ». Pendant ce temps-là, la Chine – machine à exporter à ciel ouvert mais au marché de 1, 2 milliard de consommateurs totalement inaccessibles à nos entreprises - rachètera des milliards de dettes de tous les pays possibles et imaginables dont la notre bien entendu. Les États-Unis quel que soit leur Président joueront comme d’habitude au libre échange avec les faibles dont nous faisons individuellement ( la France ) et collectivement ( l’Union Européenne ) partie et au protectionnisme pour leur vaste marché intérieur. Et l'Europe, pauvres de nous, conservera son risible et inefficace Commissariat à la concurrence et sa Banque centrale « indépendante » qui, même une fois débarrassée de son actuel Président ( à lire sur IRK : les projets de J.Cl Trichet ) qui aura trouvé un nouveau fromage pour ses vieux jours, restera hors de toute régulation démocratique, fonçant dans le mur en braillant « L’hymne à la Joie ».
Il y a bien longtemps que David Ricardo et sa démonstration devenue simpliste dans un monde complexe sur les bienfaits du libre échange ne convainc plus que ceux qui le veulent bien. En 1998, le prix Nobel de l'économie Maurice Allais lançait dans l’indifférence générale : «… une libéralisation totale des échanges et des mouvements de capitaux n’est possible, elle n’est souhaitable que dans le cadre d’ensembles régionaux groupant des pays économiquement et politiquement associés, et de développement économique et social comparable ». Treize ans plus tard, on ne peut que lui donner encore raison.
L'Union Européenne sous sa forme actuelle est proche du coma.
PPS : un autre lien parlant d'un ouvrage de circonstance : " La stratégie du choc "
4 commentaires:
Alors? la dégradation par les agences de notation, de AAA vers
AAA- puis AAb de notre pays, ce sera avant ou après les élections en 2012?
Que fera alors Bruxelles? (cf article sur l'intervention figurant dans l'ex tce (rejeté par référendum et figurant dans le texte adopté par Bruxelles... Et l'OTAN en cas de troubles dans un pays membre?
Que se passera-t-il alors dans le pays?
Je pense que les agences de notation se fichent somptueusement de nos échéances électorales. La décision tombera ( car elle tombera ) quand bon leur semblera. Une décision qui les hérisse ? Une déclaration qui les chagrine ? Une balance export encore moins brillante qu’à l’accoutumée ? Et le tour sera joué…
La question ici n’est pas de bâtir une ligne « Maginot » qui serait une fausse protection économique notre pays. C’est d’exiger des réciprocités économiques et commerciales de la part des USA et de la Chine. Rester sur le statu quo nous condamne à accueillir les produits chinois et subir les règles du libre échangisme américain sans bénéficier de clauses de réciprocité. C’est à ça que doivent s’attacher les dirigeants européens. Courir un marathon sur un rythme de 100 mètres, pourquoi pas mais sans avoir des boulets de 10 Kg attachés à chaque cheville.
Autre chose. Laisser des officines qui ne sont pas des entreprises au sens noble du terme, spéculer sur des matières premières ( pétrole, métaux précieux et depuis peu céréales ) est une dérive à laquelle il convient de mettre fin.
Concernant l'’euro, il doit être le bras armé d’une politique économique volontaire et agressive vis-à-vis de l’Amérique du Nord et de l’Extrême Orient quitte produire de l’inflation ( qui accessoirement réduirait nos dettes ) et pas un dogme.
Ce n’est qu’à ce prix que le capitalisme européen réussira sa mutation.
Pour conclure… Le post que j’ai supprimé était l’œuvre du tenancier du blog « Les secrets de Saint-Pierre ». Tant que ce monsieur ne s’exprimera pas plus correctement ici, ces écrits seront censurés.
Merci à vous de faire référence à Maurice Allais que malheureusement peu de nos compatriotes connaissent;
Sur un tout autre registre, voir aussi ses travaux sur l'impôt sur le capital.
Un mot sur l'optimisme,
la définition du pessimiste : c'est un optimiste qui s'est renseigné.
Bien à vous.
Denys Renoult.
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