La semaine dernière, le Ministre des affaires étrangères britannique, le patron de Goldman Sachs International, le Vice-Ministre des affaires étrangères chinois, le patron de Publicis et une centaine d’autres « Utra Top VIP » ont refait le monde à la réunion du Bilderberg ( Groupe Bilderberg ) ( sorte de « Davos Gold » du grand Monopoly mondial ). Il est d’ailleurs probable que leurs idées pour un monde meilleur ne soient rien d’autre que des idées pour « Le Meilleur des Mondes ». Pas sûr du tout donc que nous trouvions ceci à notre goût.
Loin de cet aréopage qui, à défaut de mettre en œuvre un monde meilleur est très largement responsable de celui dans lequel nous vivons, une extraterrestre œuvre pour le bien de son pays. Antithèse de « leurs valeurs », Birgitta Jonsdottir, députée islandaise fait bouger son île. Âgée d’une quarantaine d’année, elle est issue de cette génération de figures politiques spontanées, sortie des mouvements de protestations populaires, la révolution silencieuse islandaise pour ce qui la concerne.
Rappel. En 2008, l’Islande était acculée à la faillite. Sa population, pas plus bête que d’autres, a fait assez vite le lien entre choix économiques désastreux et responsables politiques. Coupables et responsables et inversement !
Les banques ont été nationalisées, le gouvernement et le parlement renversés, quelques politiques parmi les plus tripatouilleurs ont été traduits en justice. Les islandais ont été sollicités par referendum sur leur avenir. Tout ce chamboulement aboutissant, à la lueur glauque des erreurs passées, à la volonté d’un profond renouveau constitutionnel et démocratique.
Notre députée, au nom presque aussi difficile à prononcer que celui d’un volcan de son pays est un chantre de la liberté d’expression. Elle est à l’initiative du projet IMMI qui vise à faire de l’Islande un paradis ( au sens de lieu protégé ) pour les journalistes et « sonneurs d’alerte ». Elle est aussi l’une des chevilles ouvrières de l’incroyable travail que l’Islande tente de mener sur elle-même.
Depuis avril dernier, 25 « conseillers » élus sont chargés de diriger l’écriture de la nouvelle constitution du pays. Physicien, directeur de théâtre, pasteur, professeur d’économie, journaliste, avocat, étudiant, ils sont tous issus de la société civile. Le processus se veut collaboratif. Les projets de clause sont publiés sur le site du gouvernement chaque semaine. Les internautes peuvent directement réagir sur le forum dédié et / ou sur la page Facebook du « conseil » lequel partage ses idées sur Twitter, poste des interviews sur une chaine Youtube ou des photos des séances de travail sur Flickr.
Chacune des réunions est retransmise en directe et ouverte au public. On y ferraille sur les droits et devoirs du parlement et des parlementaires, la séparation des pouvoirs, la propriété et l’utilisation des ressources naturelles et le transfert de souveraineté à des organisations internationales ( le pays a la présence du FMI en travers du geyser et s’interroge quant à l’adhésion à l’UE ). Les « 25 » doivent rendre leur copie fin juillet, laquelle sera soumise, sauf contre-ordre à referendum. Cette utopie deviendrait alors véritablement un document par le peuple, pour le peuple. Il n’est pas étonnant que ce processus inédit de e-politique émane d’Islande, micro pays fou d’Internet ( 2/3 de la population est sur Facebook ).
Birgitta Jonsdottir est au cœur de cette réappropriation des institutions. «... la plupart des gens ne veulent pas être responsables. Ils veulent que le système les prenne en charge. Ils ont abandonné leur pouvoir de co-création de la société. C’est l’une des raisons de la catastrophe actuelle. (…) Il faut réinvestir dans la démocratie » répète-t-elle. Elle n’en est pas moins réaliste : «... les gens ne descendront dans la rue que quand ils seront affamés ou victimes d’injustice eux-mêmes ».
Et chez nous ? Les filets de sécurité de l’Etat protègent aujourd’hui notre caste politique, prisonnière de schémas de pensées figés, d’une véritable rébellion, et le système d’une véritable réforme. Mais jusqu’à quand ? Les prochaines élections présidentielles et les législatives à suivre ? Quoi qu’il en soit, il nous faudrait beaucoup de Birgitta dans nos mairies, nos conseils généraux, nos régions…notre gouvernement… car... « Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière. » Michel Audiard.
3 commentaires:
Ce qu'il se passe en Islande d'une part, et ce qu'il se passe en Grèce donne à réfléchir...
Notre pays à la chance et l'avantage d'avoir des institutions solides grâce à l'existence d'une constitution très bien équilibrée.
Cette constitution gêne bien évidemment les partis politiques actuels, les divers comités "Théodule" et autres associations qui n'ont qu'une seule idée: revenir aux délires et aux impuissances des IIIème et IVémes républiques. Le but de ces détricoteurs de nos institutions c'est de nous mener à l'aventure pour être les maîtres avec les conséquences correspondantes: pillages des biens publics, accaparement des terres et des moyens industriels... La république bananière genre Zimbabwé n'est alors plus très loin. L'intérêt des Chinois par exemple pour nos dettes est évidemment suspect quand on voit leurs pratiques, à Madagascar, au Soudan, au Congo, au Pirée et ailleurs!
Quand la Grèce va s'écrouler, tout le château de cartes bruxellois va s'effondrer, et on en reviendra aux nations et à leur propres institutions. On sera alors bien contents de retrouver ce qui fait la force de la Constitution que le Général nous à laissé!..
La constitution n'est qu'un outil.
Donnez un bon outil à un mauvais ouvrier et le travail sera catastrophique. En revanche, un bon artisant fait toujours un bon travail quels que soient les outils...
Pour employer une métaphore marine : Tabarly a gagné la Transat avec Pen Duick 6 conçu pour les courses régies par les règles de jauge IOR (International Offshore Rule), et en particulier la première Whitbread, course autour du monde disputée en équipage en 1973/74. Pourtant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce grand ketch en aluminium de 22 mètres va connaître la gloire à l'occasion d'une victoire héroïque dans la Transat en solitaire de 1976 course...
Grâce à son skipper...
Par ailleurs...et pour faire référence à un autre échange, je n'ai pas souvenir que De Gaulle, pour lequel j'ai beaucoup d'admiration et de respect, et Michel Debré le rédacteur de notre constitution n'aient été des grands défenseurs des "peuples de nos régions"... Non ?
Le Général ne voyait que la France dans sa globalité, mais cela ne l'empêchait pas dans ses discours de faire allusion à ceux qui avaient été en majorité dans la France libre (cf les écrits de Muraccioli et de quelques autres....
Sans compter certains de ses discours.
Se souvenir aussi qu'un de ses ancêtres était un celtisant: il l'a cité à plusieurs reprises... Ce qui explique un certain tropisme vers la Bretagne même s'il surveillait la route des invasions au delà de la "ligne bleue des Vosges"!
Quant à Debré, il convient de se rappeler se son origine politique.
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