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" SI JE SUIS UN SOT, ON ME TOLERE ; SI J'AI RAISON, ON M'INJURIE. " Goethe.

jeudi 18 avril 2013

La faute à qui donc ?



Depuis notre plus tendre enfance, nous savons que quand nous tombons par terre, c’est la faute à Voltaire. De plus, si notre nez arrive dans le ruisseau, alors tout s’éclaire car c’est la faute à Rousseau.
A l’adolescence, les baby boomers, dont votre humble serviteur, ont appris, grâce à un chanteur français, que si les Acadiens et les Acadiennes sont américains c’est la faute à Napoléon.
Après l’erreur de calcul du FMI sur les multiplicateurs budgétaires, erreur que j’ai évoquée très rapidement en son temps (rappel : pour faire court et schématique, le FMI a sous estimé les effets des plans de rigueur sur l’activité économique *), voici qu’une étude « Croissance en période de dette » (publiée par deux anciens d’Harvard et du FMI Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff), étude qui a été utilisée à tour de bras pour justifier des programmes d'austérité, du commissaire européen Olli Rehn évoquant une « recherche sérieuse » à l'ancien secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, pour qui c'est une « excellente étude » s’avérerait fausse...
Cette analyse démontre que plus un pays est endetté, plus sa croissance est faible (données collectées sur la période 1946 / 2009). Pour les pays ayant un endettement de 90 % du PIB ou plus, l'affaire serait définitivement pliée car la croissance serait négative : -0,1 % / an.
Sauf que la même étude, reprise par des économistes de l'université du Massachusetts (Amherst Thomas Herndon, Michael Ash et Robert Pollin), fait ressortir une croissance  à 2,2 %, avec exactement les mêmes données !
Alors la faute à qui ? Voltaire ? Rousseau ? Napoléon ? Perdu ! Non… Cette étude serait fausse car cinq pays en avaient été exclus pour des raisons inexpliquées à ce jour (Australie, Autriche, Canada, Danemark et Belgique) mais aussi parce que le tableur Excel utilisé comme support de l'étude comportait une erreur de formule ! L’austérité, la faute a qui donc ? La faute à Excel !
Une petite question micro-économique au passage : et les camemberts budgétaires saint-pierrois, sont-ils justes ? Hein mon lapin ?
Les Grecs, les Chypriotes, les Portugais, les Espagnols vont la trouver bien bonne ! Et nous aussi nous pouvons rire jaune… Experts, vous avez dit experts ? 


* Le FMI a révisé son estimation du multiplicateur budgétaire. Celui-ci ne serait pas finalement de 0,5 (comme il le soutenait précédemment) mais compris entre 0,9 et 1,7. Cela signifie en clair qu’une baisse de la dépense publique de 1 point de PIB, soit 20 milliards, entraîne (pour un multiplicateur égal à 1,5) une chute du PIB de 30 milliards et une baisse des recettes de 15 milliards. Au prix d’une chute du PIB (et donc de l’emploi), le déficit ne se réduit donc au final que de 5 milliards. Comme le PIB a chuté entre-temps, le ratio déficit public / PIB n’a quasiment pas baissé, tandis que le rapport dette publique / PIB continue à croître.CQFD...

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