Le dernier sondage de l’Ifop vient de tomber. Nous sommes 82 % selon cet institut à nous déclarer inquiet au sujet du déficit public et de la dette. D’ailleurs les agences de notation, pythies du capitalisme financier nous l’ont bien dit. Monsieur Lémarchet aussi. Être endetté, c’est ne reposer que sur un pied au bord d’un précipice sans fond. Soit dit en passant, ce vilain monsieur Lémarchet d’ailleurs pense ou plus exactement certains opérateurs de monsieur Lémarchet pensent qu’il va être possible de s’en mettre plein les fouilles en spéculant sur la faillite des états endettés.
Évidement oui il faut réduire la dette publique. Et nos gouvernants doivent être ultra vigilants sur toutes les dépenses qu’ils engagent ( ce qui est loin, à mon sens, d’être encore le cas ). Mais tailler jusqu’à l’os dans certains secteurs de la fonction publique et prioritairement dans le social ne résoudra pas tout. Un pays sous administré n’est pas la réponse aux problèmes que traverse la France et ce n’est pas en vendant ce qu’il reste des bijoux de famille que nous nous en sortirons. Près du quart de la population active ( 21,9% ) travaille dans la fonction publique. C’est trop mais attention d’ores et déjà au « pas assez » et surtout au « pas assez bien ».
C’est en relançant durablement la croissance et en dégageant des excédents financiers que notre économie s'en sortira. Il sera ainsi possible de rembourser progressivement nos dettes tout en investissant pour l’avenir. Preuve en est les recommandations du secrétaire général de l’OCDE Angel Gurria, de rapidement renouer avec une croissance durable, « meilleur moyen pour réduire la dette et le chômage », ainsi que d'« engager des réformes publiques pour maintenir un service public de qualité - santé, éducation, recherche - dans des contraintes budgétaires serrées ». Le même recommande aux gouvernements de « préserver et renforcer le capital humain », d'attirer du personnel expérimenté pour gagner en productivité, en utilisant aussi davantage les technologies de l'information car aujourd’hui seuls 40% des particuliers les utilisent pour interagir avec les administrations ce qui laisse une marge de progression du rapport coût efficacité.
Le recours aux partenariats public-privé, qui a augmenté de 15% en moyenne depuis dix ans, est une autre source d'économie. À condition qu'il soit ciblé, encadré et accompagné d'une bonne gouvernance et de transparence ce qui n’est pas toujours le cas dans notre pays…
Car ne nous y trompons pas. Les torses bombés de nos dirigeants n’y feront rien. Les coups de menton annonçant un recul de l’âge légal de départ en retraite, le non remplacement de N fonctionnaires partant à la retraite, les rabots des niches fiscales, ne nous donnerons qu’un faible répit vis-à-vis des marchés.
Le zéro de croissance pointé par l'Insee pour le deuxième trimestre de cette année pèse davantage que les effets d'annonce du gouvernement sur la rigueur budgétaire. D'autant que cette croissance zéro ( qui va avec une progression limitée à 0,1% en Allemagne, ce même trimestre ) s'accompagne d'une baisse ( - 0,4% ) de l'indice des prix en juillet. Deux clignotants inquiétants sur les risques de récession propres précisément à plomber un peu plus les comptes publics.
La myopie des marchés financiers qui ne réagissent et ne sur réagissent qu’à court terme n’est pas telle qu’à un moment donné, ils ne se rendent pas compte qu’il n’y a plus de carburant dans le moteur France… Ils prendront alors conscience, mais un peu tard, qu'il n'y a pas que les comptes publics dans la vie financière, que les résultats des entreprises comptent également pour quelque chose dans leur activité et leur rentabilité.
Si la récession s'installe pour de bon, dans notre pays, en Europe et aux États-Unis, adieu les dividendes, les cotations boursières continueront de plonger.
Tirer sur la corde du financement des États endettés, cela va pour un temps, mais si la corde se rompt à cause de révoltes sociales contre l'austérité, ou par panne de croissance, il n'y aura que des pertes à engranger. Et cette fois ci, pour tout le monde !
Allez, à la revoyure monsieur Lémarchet…
2 commentaires:
Si tant est que ce Monsieur Lémarchet soit bien le personnage symbolique auquel je pense, je crois qu'on se trompe quand on dit, comme Benjamin Graham, qu'il est névrosé et maniaco-dépressif.
La vérité est que c'est un prédateur qui n'a d'autre motivation que de se goinfrer au maximum. Le pire, c'est qu'il y réussit même quand l'économie s'effondre. Et peut-être mieux encore que lorsqu'elle prospère ! C'est dire qu'il ne connaît pas de limites, puisque le système libéral actuel ne lui en impose pas…
S'il a eu le temps de s'en mettre plein les poches, peu lui importe qu'il tue la poule aux œufs d'or, par ses agissements. Si ça peut lui rapporter, il est prêt à provoquer l'effondrement général du système libéral dont il tire profit : il sait très bien que ce n'est pas lui qui paiera la note ! Pour pouvoir recommencer à nouveau, il n'aura qu'à attendre que les petits contribuables du monde entier paient l'addition de son orgie.
Ca me fait penser aux pêcheurs qui exploitent sans vergogne les ressources halieutiques. On dit qu'ils scient la branche sur laquelle ils sont assis. C'est faux ! Ils s'en mettent plein les fouilles tant qu'il y a du poisson à prendre et ce n'est pas eux qui paieront les conséquences de ce comportement boulimique. Ce sont les autres… ceux qui n'ont pas pris part à l'orgie. Et après, on n'aura plus qu'à espérer et attendre que les ressources halieutiques se reconstituent.
Là où je veux en venir, c'est que la nature humaine est ce qu'elle est, et qu'il faut en tenir compte. Le système libéral demande à être régulé ! C'est se moquer de nous que d'essayer de nous faire croire qu'on peut compter sur les acteurs économiques pour s'autoréguler. On redécouvre que c'est aux politiques de fixer des règles. Sauf que maintenant, avec la mondialisation des économies, ça suppose des accords internationaux entre les états.
Il y a du boulot en perspective !
Tout est dit...
Enregistrer un commentaire