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vendredi 22 octobre 2010

Jacques « Vintage » Attali : « De belles oranges pas chères nous avons»

Le rapport Attali, deuxième du nom, a été mon ouvrage de chevet depuis quelques jours. Les yeux rivés sur l’écran de mon ordinateur, j’ai lu, dans un premier temps avec intérêt le « .PDF » de ce document que j’avais téléchargé sur le site du figaro.fr pour finir par être totalement exaspéré par la prétendue démonstration.
L’auteur nous indique, dans les 177 pages de sa réflexion que la dépense publique est l’ennemie de l’activité économique. Cette affirmation :
1/ Reflète-t-elle ses convictions ?
2/ Est-elle la Piste, avec un grand P pour restaurer la croissance de l’économie française ?
La réponse à la première question se trouve en fin de rapport, page 177. Attali n’exprime pas une conviction, il expose ce qui s’appelle, dans un « brief de communication » , les contraintes à respecter. Qu’avaient écrit les clients du free lance Attali dans sa lettre de mission. Je parle ici du Chef de l’Etat et du Premier Ministre : « Vos propositions devront s’inscrire pleinement dans le cadre du rétablissement de l’équilibre de nos finances publiques. Vous pourrez proposer toutes les mesures que vous jugerez pertinentes pour réduire la dépense publique et améliorer l’efficacité des services publics. »
En free lance docile, Attali répond donc dans le périmètre que lui a fixé son commanditaire et pas ailleurs.. Le brief gouvernemental ainsi calé : « Nous avons de belles oranges pas chères » donne en restitution « De belles oranges pas chères nous avons »… Normal, le client est roi qu’on se le dise
« El Libertador » de la croissance propose d’amputer cette dépense de 50 milliards d’euros en trois ans sans justifier son choix. Finalement, pourquoi argumenter cette option puisqu’elle cadre son travail ?
Il a donc étayé ses « convictions » en s’appuyant sur une analyse de la banque Natixis, partant du principe que les recettes du passé (années 1990) sont reconductibles en 2010. Vintage Attali donc évoque le passé de sept pays qui, dans les années 1990, freinèrent drastiquement leur dépense publique : Suède, Canada, Nouvelle Zélande, Finlande, Danemark, Italie et Irlande.
Les « réussites » en question sont cependant sujettes à caution, non pas que certaines expériences ne soient pas des succès. Mais les facteurs de ces expériences sont difficilement reproductibles en 2010. Pourquoi ? Comme le remarque Natixis tous ces pays , ont commencé par mettre en oeuvre une politique monétaire agressive. Le Canada, par exemple, dévalua de près de 30% par rapport au dollar des Etats-Unis (son plus gros client), durant la décennie 1990. On ne s’étonnera donc pas, qu’il ait profité à plein de la reprise économique américaine sous l'administration Clinton  tirée par une consommation intérieure soutenue. A côté de cet énorme aspirateur à produits et services, l’effet « dépense publique » n’était pas mesurable. Nos 26 partenaires, à commencer par l’Allemagne, accepteront-ils une dévaluation massive de notre monnaie commune ? Cette dévaluation hypothétique touchant de facto l’Allemagne, notre premier partenaire économique, comment réagirait notre économie ?
Autre exemple : la Suède. Ce pays a formidablement réduit sa dépense publique durant la décennie 1990. Mais celle-ci partait de si haut ( plus de 70% du PIB en 1993 ) qu’elle ne fut pas ramenée au niveau français avant 2007. Où placer le curseur de la dépense pour assurer la reprise ?
Vintage Attali s’emberlificote aussi dans sa façon de jauger la dépense publique. Rapportée au PIB, celle-ci place la France au 4ème rang européen. Du point de vue des commanditaires du rapport, ce n’est pas bien du tout. C’est même une place de cancre ! Sauf qu’il est curieux, voire drôle de remarquer que les trois pays qui font plus ( donc plus mal de ce point de vue ) à savoir le Danemark, la Finlande et la Suède sont cités comme des exemples à suivre par le rapport !
Vite un Efferalgan j’ai des nœuds au cerveau….
Autre « unité de mesure ». Si l’on mesure la dépense publique par habitant, ce qui n’est pas moins couillon qu’autre chose, alors notre vieux pays n’est plus qu’à la dixième place sur 27 au classement de l’Union Européenne et donc dans le peloton de queue (donc une bonne place) parmi les quinze pays les plus développés de l’Union. Troublant n’est-il pas ?
De là à penser que ce rapport n’est que l’emballage d’une potion amère déjà élaborée par l’Alchimiste en Chef… Amère et pas forcément efficace…

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