Veuillez excuser ce titre anglo-saxon mais, en l’espèce, il me semble avoir une justification que je vais tenter d’expliquer dans les quelques lignes qui suivent.
Le « storytelling » est une technique vieille comme le monde et qui a été théorisée par les publicitaires. Elle consiste à raconter une histoire ( belle, émouvante, drôle, etc… mais dans tous les cas convaincante ) à un public plus ou moins homogène pour que sa grande majorité fasse ou ressente ce que le conteur attend d’elle.
Un exemple ? Un couple de sexagénaires, habillés décontractés ( smart casual ! ) est assis sur un banc. Madame attaque leur histoire en disant que « l’idée vient de Pierre…( silence )… qui n’est pas des plus prévoyant (rajoute-t-elle dans un large sourire). Et Pierre d’enchainer, en croisant et décroisant ses jambes, qu’il a beau avoir l’âge de ses artères, il n’en est pas pour autant encore liquide et qu’il a réglé, une fois pour toute, le douloureux problème de leurs obsèques. Madame, en bonne épouse, opine. Pierre nous donne enfin le filon : c’est grâce à PFG Prévoyance qu’il a résolu son problème et il nous conseille d’en faire autant. Fin de l’histoire avec un logo et un numéro de téléphone vert.
Un autre exemple ? Une blonde trentenaire, propre sur elle, plutôt mimi, nous livre ses angoisses existentielles. Elle était à la recherche d’une lessive qui respecte la peau de sa, elle aussi, blonde fillette. Et d’exposer sa quête de ce Graal consumériste : internet, discussion avec des amies, presse, tout y passe. C’est que ce n’est pas simple ma bonne dame de trouver une telle lessive ! Pendant ce temps, la caméra zoome arrière et nous découvrons, en arrière plan, sur fond un peu flouté, dans un salon entièrement meublé Ligne Roset, un bidon de lessive « Le Chat » qui trône, n’ayons peur de rien, sur la table basse du salon. Puis, la jolie blondinette annonce le résultat de cette longue investigation alors que des mères de famille en transes, un peu indignes et coupables au fond ( la culpabilisation, c’est aussi un ressort ! ), car elles n’ont pas recherché aussi sérieusement, attendent le nom de cette potion magique comme un mourant les saints sacrements.
Ces techniques de communication ont commencé à être mises en pratique en politique dans notre pays à l’occasion de l’élection présidentielle de 1974. Elles se sont répandues ensuite à la vitesse de la salmonelle sur une assiette de carottes râpées depuis plus de quarante huit heures.
Notre Président tente de nous raconter une nouvelle histoire. Ce fut tout d’abord l’élaboration pénible du « Sommaire » de la dite histoire et les premiers chapitres chaotiques à savoir la longue marche vers le remaniement. Puis l’annonce, non pas de Saint-Paul aux Corinthiens mais de Claude Guéant aux média et aux français du nouveau gouvernement. Puis, le morceau de bravoure : l’interview présidentielle où, grâce à des journalistes pas très rassurés, nous avons appris, entre-autres, que notre Président était marié avec une femme intelligente.
Mais, mais, mais… l’histoire racontée n’est pas l’histoire vécue… Depuis le remaniement, les affaires reprennent de plus belles. Le Karachigate, véritable « bombe à fragmentation » comme le disait ce matin Sylvie Pierre Brossolette sur France Info prend le relais de l’affaire Woerth / Bettancourt dépaysé en pays bordelais et atteint ( à tord ou à raison ) des hommes politiques de premier plan : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Dominique de Villepin et des « retraités » ayant occupé des postes prestigieux : Jacques Chirac, Edouard Balladur, … sans parler des seconds couteaux tel que Charles Millon…
Les vols d’ordinateurs dans des organes de presse continuent : Rue89
Les articles traitant de doutes quant à d’éventuels conflits d’intérêt se multiplient dans les colonnes du Canard Enchaîné, palmipède très au fait des turpitudes de certains de nos politiques.
L'Irlande, après la Grèce ( annoncée, en son temps comme le seul pays à risques ) et avant le Portugal voire l'Espagne se voit dotée de 90 milliards d'euros de prêts par les contribuables européens pour fair face aux erreurs coupables de ses dirigeants. Bref, la crise fanfaronnée derrière nous bat toujours son plein. Notre pays devra emprunter 200 milliards d'euros en 2011 pour " boucler l'année "...
Les légions d’honneur s’attribuent toujours aux amis : dernière promue en date Madame Sylvie Rousseau, responsable de la boutique Dior avenue Montaigne, boutique qui peut s’enorgueillir de la clientèle de notre Président, de celles de Rachida Dati et de Bernadette Chirac…
Bref, quelle que soit le storytelling… Rien de change…
A si, au PS, il y a un candidat de plus à la candidature.
Pour rester dans l’anglicisme et pour conclure, que les puristes et les oreilles chastes m’en excusent, je citerai cette phrase souvent utilisée par les anglo-saxons pour caractériser ce type de situation : « Same shit, same color, different consistency »

1 commentaire:
1.- Excellente l'image du bousier!....
Ce à quoi vous faites allusion est encore pire semble-t-il:
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/karachi-le-scandale-dans-le-84780
2.- il y a plusieurs années , l'excellente revue Ar Men, publiait un article sur la variante quiberonnaise du bousier... (si, si, les entomologistes en ont répertorié une!...)
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