Le 8 octobre, le Sénat confirmait le vote des députés en approuvant le report de l'âge légal de la retraite de 60 à 62 ans. Ces deux " petites " années vont peser très lourd pour les 50-60 ans dont le maintien dans l'emploi est hypothétique en France alors qu’il semble acquis depuis belle lurette dans les pays scandinaves et au Royaume Uni. Cette réforme, dont tout le monde sait qu’elle ne sera pas pérenne pourrait coûter très cher à notre actuel Président de la république et à l'UMP en 2012 ! Rappel : le 29 novembre 2007, le Conseil d'orientation des retraites organisait un colloque : Augmenter le taux d'emploi des seniors. Les enseignements des expériences étrangères. Son compte rendu (payant) est disponible à la Documentation Française.
Extraits ( gratuits… et oui, on est comma ça à Radio Kerhostin…)
" Avec un taux d'emploi de 37,8% pour les 55-64 ans en 2005, la France se situe très en dessous de la moyenne européenne - 42,5% - et loin des 50 % en 2010 fixés au niveau communautaire ... "
Et même si Laurent Wauquiez se félicitait d'une " belle "réussite " : " ... en période crise, nous avons réuissi à faire progresser le taux d'enmploi des séniors en France de 38 à 39 % " La Dépêche.
Une étude de la DARES, reprise par Netpme ne faisait pas mystère d'une nette dégradation !
" ... L’étude de la Dares révèle que le taux de chômage des seniors a augmenté plus fortement en 2009 qu'au cours des crises économiques précédentes... Du 4e trimestre 2008 au 4e trimestre 2009, le taux de chômage des 50-64 ans s'est, en effet, accru rapidement : + 1,7 point en un an, contre +1,8 point pour l'ensemble des actifs ... Les trois quarts des 50-64 ans au chômage en 2008 déclarent toujours y être un an après "
En clair : prolonger la durée d'activité de cette catégorie d'âge est une catastrophe annoncée car ceci correspond, de facto, à une baisse significative des pensions et à une paupérisation accrue des plus démunis dans cette tranche d’âge.
Qu'en disent les premières concernés, c'est à dire : Les organisations d'employeurs qui ont défendu la "réforme" ( Le MEDEF et sa sémillante « patronne » préconisant même le retour aux 65 ans )
Laurence Parisot, avec son cynisme habituel affirmait ( elle qui n'a été dirigeante d'entreprise que parce que son papa lui en a acheté une ) : " qu'au fur et à mesure qu'on déplace l'âge légal de départ à la retraite, on augmente corrélativement le taux d'activité des seniors ..." Et précisait que : " le taux d'activité des quinquagénaires était supérieur en France à la moyenne européenne, mais qu'à partir de 60 ans, le taux d'activité chutait par rapport à la moyenne européenne, à cause de l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans ". Le Figaro
Quant à la CGPME par la bouche de son peu charismatique président Roubaux , elle disait tout le mal qu'elle pensait de la mesure consistant à : " faire payer aux entreprises récalcitrantes, à un plan d’action en faveur des seniors, une pénalité égale à 1 % de la masse salariale " sans pour cela envisager de prendre en compte le problème !
" ... Face à un véritable problème de société nécessitant une évolution des emplois, des employeurs et des Pouvoirs Publics, le Gouvernement, à défaut d’autres idées, en est réduit à sanctionner. La mise en oeuvre d’une politique de quotas, qui ne dit pas son nom, est une erreur. Le pas est franchi. Veut-on demain interdire aux chefs d’entreprise de décider librement qui ils embauchent ? "
En clair, si gouvernement et organisations patronales se rejoignaient pour faire travailler les salariés plus longtemps, aucun d'eux n'acceptait de porter la responsabilité d'un si bas taux d'emploi, préférant refiler " la patate chaude " à l'UNEDIC ! ( Et c'est un ancien patron qui vous le dit... )
On aurait tord au gouvernement et dans sa majorité de considérer que les salariés de cette tranche d'âge, sont conquis par la pédagogie sur la réforme des retraites. Et surtout que leur " grand âge " leur fera rapidement oublier le nouvel obstacle qui se dresse devant eux ! L’écrasante majorité d’entres eux ne sont pas encore totalement gagas…
Car, comme le fait judicieusement remarquer Le Point, en faisant référence au lancement d'un " observatoire politique et social des 50-65 ans " réalisée par IFOP pour le site planet.fr : " Voici une étude à laquelle les candidats à la prochaine présidentielle prêteront sans doute une oreille attentive " :
Dans le cadre de son observatoire des 50-65 ans mené en partenariat avec Planet.fr, l’Ifop a cherché à appréhender les perceptions des seniors sur l’emploi.
Extraits
" ... Le sentiment d’une discrimination des seniors dans le monde du travail est presque unanimement ancrée chez les Français âgés de 50 à 65 ans. Presque tous (99%) jugent les seniors discriminés à l’embauche (dont 76% « beaucoup »). Venant confirmer ce sentiment, 97% des Français âgés de 50 à 65 ans considèrent que les seniors ont plus de mal à trouver un emploi que le reste de la population (dont 80% « tout à fait d’accord »). Plus globalement, 93% des seniors estiment que leur classe d’âge est discriminée au sein des entreprises (dont 41% « beaucoup ») ... "
Face à ce constat, les seniors estiment très majoritairement que le problème doit être pris à bras-le-corps par les politiques. 89% des Français âgés de 50-65 ans jugent que l’emploi de leur classe d’âge constitue un vrai problème de société aujourd’hui en France. Plus spécifiquement, 83% considèrent que la réforme des retraites doit inclure des mesures permettant de favoriser l’emploi des seniors, la majorité des répondants (54%) étant même « tout à fait d’accord » avec cette idée ..."
D’ailleurs, les seniors se montrent assez critiques sur la manière dont la problématique de l’emploi des plus âgés est prise en compte dans la politique actuelle : 71% d’entre eux estiment que l’emploi des seniors n’y a pas assez d’importance ... les chômeurs se démarquent sur cette question, 83% estimant que la question de l’emploi des seniors n’est pas assez prise en compte dans la politique actuelle ... "
Pour Patrice Angot, directeur associé chez Planet.fr, une chose est sûre : " Ce n'est pas parce qu'ils ont voté Nicolas Sarkozy en 2007, par exemple, qu'ils voteront pour lui à nouveau " d'autant plus qu'ils ont ressenti de plein fouet les effets de la crise ... " Le Point
D'autant que les déclarations de Laurent Wauquiez ( quel pince sans rire ) à L'Expansion, en juillet dernier sonnaient pour les 50-60, comme une formidable provocation !
" ... C'est parce que nous avons pleinement pris la mesure de l'importance de l'emploi des seniors et parce que nous avons mis en place les dispositifs appropriés et incitatifs (taxation des préretraites, libéralisation du cumul emploi-retraite...) qu'enfin les choses bougent ! Augmenter l'âge de départ à la retraite, c'est avant tout créer les conditions du maintien ou du retour à l'emploi pour les seniors ... " ( Y croit-il lui-même ? )
... Devraient sans nul doute, contribuer à l'effet garanti, dans les urnes ...
Aujourd’hui : Nicolas Sarkozy : One Point, match retour et peut être éliminatoire en mai 2012 …

3 commentaires:
Dire que le report de la retraite à un âge plus avancé contribuera à favoriser l'embauche des gens âgés n'est a priori pas totalement dénué de bon sens.
Ceux qui affirment cela distinguent l'âge social de l'âge biologique des seniors qui recherchent un emploi. Leur âge biologique détermine en grande partie leurs performances physiques et intellectuelles mais aussi l'expérience qu'ils ont acquise dans leur travail. Leur âge social est déterminé par le nombre des années qui les séparent du moment où ils partiront en retraite.
Les employeurs seraient avant tout sensibles à l'âge social des seniors. Quand ils doivent licencier, ils licencient de préférence quelqu'un qui aurait de toute façon quitté l'entreprise un, deux ou trois ans plus tard. Quand ils doivent embaucher, ils hésitent à faire appel à quelqu'un qui aura à peine le temps de s'adapter à ses nouvelles conditions de travail avant de partir en retraite.
Retarder de deux ou trois ans l'âge de départ en retraite augmenterait ainsi d'autant l'âge où les seniors qui perdent leur emploi ont énormément de mal à en retrouver un. Ca retarderait évidemment aussi d'autant le moment où des employeurs se sentent obliger de licencier en priorité des gens proches de la retraite.
C'est un point de vue qui tient la route. Reste que c'est loin de résoudre tous les problèmes. Et en tous cas, ça ne crée pas directement des emplois.
Le prix Nobel d'économie 2010 a été attribué à trois économistes, qui ont planché sur "le marché du travail". Relisons-les !
Primo : en France l'interventionnisme "béat" est un échec ! Arrêtons de prendre des mesures d'âge, elles n'ont aucune efficacité...
Secundo : Les seniors d'aujourd'hui sont souvent des cadres "immobiles" alors que les entreprises actuelles sont à l'étranger. La "mobilité" est introduite maintenant dans tous les contrats de travail... Malheur à ceux, qui ne veulent pas bouger !
Tertio : les "cadres" français sont souvent "surpayés" ! Résultat en fin de carrière : personne n'en veut plus. Trop chers !
Quadro : la remise en cause d'un individu pour raison de chômage est mal vécue. Le changement de carrière doit être préparé à cinquante ans ! Pas plus tard...
A Mister Anonyme,
1/ En France l'interventionisme étatique est une échec quand les pouvoirs publics se targuent de jouer aux entrepreneurs. En revanche, la puissance publique peut et doit intervenir pour créer des conditions favorables au développement économiques.
2/ Votre point deux relève de l'expression d'un conviction et n'est pas une réalité. A routes fins utiles, je vous rappelle que les premiers destructeurs d'emplois nets sont les entreprises du CAC40. Quant au PME, TPE et autres emplois TNS, c'est eux qui ont tiré le marché du travail depuis les années 80. Pour avoir embauché, cotoyé, et en cotoyer encore, je n'ai jamais rencontré un cadre du secteur privé fut-il moyen sans clause de mobilité dans son contrat de travail.
3/ Là encore, vous affirmez sans démontrer ou étayer. D'où vous vient cette certitude ? Dans le secteur de l'industrie de la communication et de la publicité, les salaires avec charges sociales au Royaume Uni sont supérieurs (cadres et non cadres ) de 30 % en moyenne aux salaires pratiqués en France...
4/ Les reclassements ne se préparent pas à 50 ans... C'est beaucoup trop tard et trop arbitraire. C'est à la formation prof de jouer son rôle à plein... Et au chefs d'entreprises, leurs DRH et aux syndicats de prendre leurs responsabilités sur ce sujet... Et aussi aux salariés de se projeter...
Autre point... Les cadre ne sont pas l'unique composante du monde du travail...
Bref, quitte à "relire" des prix Nobel d'économie, relisons les avec un esprit critique. Ces saints sacrements économiques ne sont vrais que relativement... et jusqu'à ce qu'une autre tête d'oeuf nous prouve le contraire...
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