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" SI JE SUIS UN SOT, ON ME TOLERE ; SI J'AI RAISON, ON M'INJURIE. " Goethe.

mardi 12 octobre 2010

Vers un changement durable

Ce post n’a pas d’autre prétention, excusez du peu, que de prouver la nécessité d'un changement aussi profond que durable au sein du personnel politique et de sa façon d'envisager la mise en œuvre, le déploiement et le suivi de son action au service de la collectivité. Car finalement, son action est supposée améliorer notre présent et / ou nous préparer un futur meilleur.

Un profond changement ne peut s'opérer sans agir à la fois sur le style et la méthode. Combien d'intentions politiques justes et louables ont été pénalisées, voire totalement annihilées, par de grossières erreurs de style et de méthode ? Combien de fois la forme est-elle venue tuer le fond ? D’ailleurs, dans cette époque du paraître, comment pourrait-il en être autrement si nous n’y prenions pas garde ? A plusieurs reprises, sur ce blog, il m’est arrivé de faire référence au monde de l'entreprise. De tenter d’établir des similitudes entre deux mondes, l’action publique et l’entreprise qui ne se parlent pas toujours, ne se comprennent pas toujours et parfois se mélangent de façon inacceptable. Bien sûr, il y a des nuances dans la comparaison entre le monde des affaires et celui de la politique et comparaison n’est pas raison dit-on. Mais la femme ou l’homme politique serait bien inspiré de tirer de l'univers des entreprises ( dont son cursus le garde très éloigné de ce monde ) un certain nombre d'exemples parfaitement transposables et efficaces.
C’est en rangeant ma bibliothèque tout en picorant ici et là quelques paragraphes dans des ouvrages qu'occupèrent pendant des années une place de choix dans mon bureau que me vint l’idée, la nécessité de ces quelques lignes. Petite parenthèse avant de poursuivre:  ma bibliothèque n'est toujours pas rangée à mon goût.
Retour à mon propos. Trois éléments, pas plus sont nécessaires pour mener à bien un projet lorsque sa réussite dépend de décideurs d'un côté, et des gens qui doivent s'approprier le projet de l'autre.
Un politicien, lorsqu'il est à la tête d'un pays et démocratiquement élu voire à la tête d’une commune de 2 500 âmes ( au hasard ) voire moins,  doit, comme en entreprise mener à bien une stratégie, des projets et des réformes pour lesquels il ou elle a été désigné. Au-delà des promesses électorales qui relèvent souvent de la posture, il reste l'essentiel. Pour enregistrer des succès pour la collectivité dont il ou elle a la charge ( succès qui seront aussi les siens ), le dirigeant doit se concentrer sur trois messages : le message intellectuel ( logos ), le message comportemental ( ethos ) et le message émotionnel ( pathos ). En oubliant cela, l'essentiel tombera lui aussi comme les promesses « marketing » dans les oubliettes, brulera comme un feu de bengale sous les effets de " com. " et nombre de rendez-vous importants, voire vitaux, seront manqués ou, au mieux, différés pour une longue période.

La dimension intellectuelle : c'est le discours, le propos, le contenu verbal d'un projet, d'une réforme, d'une stratégie. Il doit être clair, mais pas seulement intelligible : la majorité doit le comprendre, au sens étymologique du terme, c'est-à-dire pouvoir le faire sien. Bref se l’approprier. Cette appropriation doit-être le résultat d'un débat constructif où tous les différents acteurs (et pas uniquement ceux qui sont « acquis à la cause » apportent leur contribution au message, l'éclairant ainsi pour eux-mêmes. Les opposants doivent-être écoutés pour amender et enrichir ce message et atténuer les résistances primaires ( la peur par exemple mais aussi et encore les postures électoralistes ). Le leader doit s'assurer que le message est clair, pas par conviction personnelle et de circonstance, mais par la démonstration qui lui en est faite ( ou non ) par son auditoire. Tant que nous entendrons des " nos concitoyens ont compris que ( ou )  savent que " ou " il n’est pas en notre pouvoir de " ou encore " j'ai demandé à X de se saisir du problème " sans que cela reflète la réalité, alors le politique démontrera qu’il ne travaille au final que pour garder son mandat ce qui ne peut pas être un objectif acceptable et accepté.

La dimension comportementale : les gens écoutent ce que vous faites, pas ce que vous dites. Si vous avez des enfants, il n'est pas difficile de vous en persuader... L'homme politique a trop souvent un comportement qui est en totale inadéquation avec son discours. " Donner le bon exemple " (sans tomber dans le populisme de bas-étage) est important. Comment le politique peut parler de démocratie s’il n’en respecte pas les règles ? Tout se brouille et le message finalement retenu est celui qui découle de ces attitudes non conformes et comportements vibrillonants, bien plus que celui qui a été délivré originellement. Les 30 % de popularité de notre actuel Président en sont une des inombrables preuves.

La dimension émotionnelle : il s'agit ici de donner sens au but poursuivi en attribuant à l'objectif sa véritable dimension. C'est l'histoire de trois équipes qui, au siècle dernier s'attellent ensemble, à la construction d'un pont en réalisant le même travail. A la question " Qu'est-ce que vous faites ? ", la première vous répondra : " Nous assemblons des poutrelles ". La deuxième vous dira : " Nous construisont un pont ". La troisième, enfin : " Nous bâtissons le plus grand ouvrage d’art jamais construit en France " Inutile de préciser que l'équipe la plus heureuse et la performante était la troisième

Comme je l'ai souligné plus avant, il est possible d'objecter qu'il est plus aisé de mener à bien des projets dans une entreprise que dans une collectivité dont la taille peut être très importante. Il n'en reste pas moins vrai qu'il s'agit d'abord de relations et interactions humaines au sein d'une société : de la plus petite des sociétés ( la famille ), à la plus grande ( une nation ) en passant ( au hasard ) par la commune, ces trois dimensions trouvent parfaitement leur place. Si une majorité d'hommes politiques les appréhendaient, comme le font naturellement des dirigeants d'entreprise, la vie politique s'en porterait bien mieux, nombreux seraient les problèmes réglés, et tant d'autres tués dans l'œuf.
Je terminerai enfin par une citation à l'attention de nos tous nos politiques y compris nos conseillers municipaux :


" Nous ne pouvons résoudre les problèmes avec le même système de pensée qui est à l'origine de ces problèmes. " ( Albert Einstein )



2 commentaires:

Padrig a dit…

Bien! Bravo! On dirait du "Liautet"!

Cela fait partie des "fondamentaux"...

C'est le genre de discussion que nous avions dans nos écoles...

Padrig a dit…

Bon! Dans mon enthousiasme lors de la lecture de ce texte brillant, j'ai écrit "Liautet", alors que c'est Lyautey, le célèbre auteur de "Rôle social de l'officier".

"Mea culpa; mea maxima culpa!..."