Il y a quelques semaines j’écrivais un billet intitulé Le courrier des lecteurs d'IRK dans lequel je relatais une correspondance
écrite que m’avait adressée un de mes lecteurs. Ce premier dialogue à distance faisait suite au post : Saint-Pierre Quiberon : ville ni-ni. De façon spontanée et
sympathique, ce monsieur m’a expédié un nouveau courrier dans lequel il relate
une blague qui illustre, si je l’ai bien comprise, la pertinence de se
satisfaire d’un statu quo ailleurs… comme ici. En synthèse : l’histoire se
passe au Mexique où un riche retraité nord américain vient de s’installer pour
profiter du soleil. Celui-ci observe un de ses voisins mexicains pêcheur de son
état. Au bout de quelques jours, il lui prodigue le conseil de commencer à
travailler plus tôt, d’arrêter de pêcher plus tard, d’acheter un deuxième
bateau pour son fils… bref d’entreprendre. Le mexicain lui répond que sa vie le
satisfait et qu’il ne voit pas pourquoi il se lancerait dans une telle
aventure. L’américain lui réplique qu’en agissant ainsi il aurait une retraite
superbe plus tard, qu’il pourrait profiter de sa famille et de toutes les joies
de la vie. Ce à quoi le mexicain rétorque que c’est déjà ce qu’il fait et qu’il
ne voit pas pourquoi il renoncerait à ce qu’il a aujourd’hui pour le retrouver
dans quelques dizaines d’années. Fin de l’histoire…
Fin ? Oui, mais pas de l’histoire, du premier chapitre
seulement.
Car, quelques semaines plus tard, un navire de pêche japonais vint s’installer dans le petit port où le pêcheur mexicain amarrait son bateau. Dès cinq heures du matin et jusqu’à la nuit tombée, ce nouvel esquif jetait ses filets puis rentrait vendre sa cargaison de poissons sur les marchés locaux. Fort du produit de ses ventes, son capitaine acheta un deuxième puis un troisième bateau. Sa production importante lui permettait de vendre bien moins cher que le pêcheur mexicain et très souvent, celui-ci ne trouvait plus de gasoil aux pompes du port car la petite flottille qui appareillait toujours bien avant lui avait siphonné toutes les cuves de la station d’essence du port !
Deux ans plus tard, le pêcheur mexicain fut contraint de laisser son bateau au sec et à ce jour il le regarde doucement pourrir sur la plage face à sa maison, une bouteille de mescal à la main. Sa femme est partie clandestinement aux USA où elle travaille comme ouvrière non déclarée avec la peur quotidienne de se faire contrôler puis reconduire à la frontière par la « Migra ». Le fils de notre homme, après une longue période de chômage, s’estima heureux de trouver un embarquement sur un des bateaux concurrents de celui de son père. Il travaille depuis 7 jours sur 7 à raison de quinze heures par jour… pour une poignée de pesos.
Fin de l’histoire…
Car, quelques semaines plus tard, un navire de pêche japonais vint s’installer dans le petit port où le pêcheur mexicain amarrait son bateau. Dès cinq heures du matin et jusqu’à la nuit tombée, ce nouvel esquif jetait ses filets puis rentrait vendre sa cargaison de poissons sur les marchés locaux. Fort du produit de ses ventes, son capitaine acheta un deuxième puis un troisième bateau. Sa production importante lui permettait de vendre bien moins cher que le pêcheur mexicain et très souvent, celui-ci ne trouvait plus de gasoil aux pompes du port car la petite flottille qui appareillait toujours bien avant lui avait siphonné toutes les cuves de la station d’essence du port !
Deux ans plus tard, le pêcheur mexicain fut contraint de laisser son bateau au sec et à ce jour il le regarde doucement pourrir sur la plage face à sa maison, une bouteille de mescal à la main. Sa femme est partie clandestinement aux USA où elle travaille comme ouvrière non déclarée avec la peur quotidienne de se faire contrôler puis reconduire à la frontière par la « Migra ». Le fils de notre homme, après une longue période de chômage, s’estima heureux de trouver un embarquement sur un des bateaux concurrents de celui de son père. Il travaille depuis 7 jours sur 7 à raison de quinze heures par jour… pour une poignée de pesos.
Fin de l’histoire…
« Entreprendre consiste à changer un ordre existant »
Joseph Schumpeter
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