Hier, branlebas de combat dans les JT ! Au Grand Journal de Canal+ puis chez Pujadas sur Fr2, notre ministre des affaires étrangères, la mèche redressée, le menton en avant et le regard perdu sur la fameuse ligne bleue des Vosges nous expliquait qu’il n’y avait rien que de très normal à ce qu’un « tycoon » tunisien, Aziz Miled, lui fasse faire à elle et à son compagnon, un petit tour en avion. Pourquoi ?
Temps 1 : MAM et Ollier sont des amis d’Aziz Miled…chez qui, mais ça, elle ne nous l’a pas dit hier au soir, chez qui donc, ils ont passé le réveillon puisque ce monsieur tient l’hôtel ou a séjourné le couple ministériel et ses proches pour les fêtes de fin d’année. *Temps 2 : le hasard faisant bien les choses, les deux ministres se sont cassés le nez sur l’avion de leur ami à l’aéroport. Et là ( exclusivité mondiale que même le Petit Journal de Canal+ n’a pas obtenue )
- Tiens salut.
- Ah salut
- Ca va toi ?
- Ben ouais ça va. Enfin en vacances !
- Génial et tu vas où ?
- Ben à Tabarka !
- Non ! Pas possible ! Moi aussi.
- Ouais mais j’ai encore deux heures de route pourrie dans une Peugeot déglinguée .
- Sans déc !
- Comme je te le dis. C’est pas avec ce qu’on se fait au gouvernement que je peux me payer un jet privé.
- Tu m’étonnes. Mais y a pas de blème. Embarquez tous. J’ai de la place dans mon zing !
Et voila… Pas plus compliqué que ça !
D’ailleurs ce matin sur France Info, de sa belle voix grave de prélat, François Baroin a estimé que les époux MAM ** n’avaient rien à se reprocher dans la mesure où cette petite virée n’avait pas été payée au frais de l’Etat. Circulez !
Mais se rendent-ils encore compte que de tels comportements ne sont pas acceptables ? Qu’un ministre, un élu se doit, plus que d’autres, d’être irréprochable jusqu’à la paranoïa ?
Pas certain…
* Le Canard Enchaîné affirme avoir cherché en vain à savoir qui avait réglé la facture de l'hôtel de Tabarka où ont séjourné la ministre et sa famille. ( le post.fr )
** L’affaire Alliot-Marie, après celle d’Alain Joyandet et de son jet à 116.000 euros payé par les contribuables, après celle de Christian Blanc et de ses fameux cigares, nous éloigne un peu plus de la fameuse « démocratie irréprochable » que promettait le candidat Sarkozy en 2007. Lire la suite sur :Marianne.fr
4 commentaires:
Quand je pense qu''étant à l'Elysée, le Général avait fait installer des compteurs d'eau, de gaz et d'électricité pour se faire facturer ce qui était du ressort de sa consommation personnelle et familiale, et qu'il payait sur ses deniers les gouters de ses petits enfants... Ou encore qu'il faisait toujours un don personnel à une paroisse où il se rendait le dimanche à la messe....
"O tempora, O mores..."
Franchement, là je crois que l'on confond "servir" et "se servir"... Où est passé l'Esprit public? Ca me révulse...
Cette histoire n'est qu'un "détail" mais comme tous les détails elle est importante car elle relève de l'état d'esprit de l'époque.
Le plus grave n'est pas qu'un ministre ait accepté ce type d'avantage. Le plus grave c'est qu'il, enfin elle, ne comprenne pas ou plus qu'un tel "arrangement" n'est pas possible quand on a la charge de représenter son pays.
Quant au commentaire le Baroin, il est positivement... "grandiose"...
Ci-dessous l'édito politique de Thomas Legrand sur France inter ce matin :
jeudi 3 février 2011
Une question de civilité
Vous nous parlez ce matin du voyage de Michèle Alliot-Marie dans l’avion privé d’un homme d’affaires tunisien...
Comment commenter cette affaire sans avoir l’air donneur de leçon ? Parce que de quoi s’agit-il ? De la base. Il y a des choses qui ne se font pas, des choses qui se font ; par exemple, vous êtes dans un bus, une personne âgée entre, vous lui proposez votre place. Ça se fait. Vous êtes ministre, vous êtes en vacances privées dans une dictature, un ami riche industriel du pays vous propose de vous transporter dans son avion gratuitement, eh bien vous refusez, ça se fait pas, enfin normalement ! Rien que de rappeler cette évidence montre le niveau de déconnexion de certains responsables. Cette affaire révèle, s’il en était besoin, le degré d’inconscience, à cent lieues de la réalité, d’hommes et de femmes politiques trop longtemps habitués à cumuler, emplois, fonctions et à entretenir leurs réseaux d’influences, ils sont maintenus comme hors-sol, habitués à ne jamais rien payer. Le problème n’est même plus de savoir si l’industriel Tunisien est un proche de Ben Ali, ni si la répression avait commencé à l’époque du voyage, le problème c’est simplement d’accepter ou non qu’un homme d’affaires vous transporte gratuitement dans son avion privé quand vous êtes un couple de ministres de la République Française en vacances. Un ministre en vacances devrait comprendre tout seul qu’il doit tout payer, exactement comme n’importe quel Français. Il n’y a d’ailleurs que quand ils sont en vacances que les ministres paient quoi que ce soit! La moindre des choses c’est de refuser toutes les offres de fortunés personnages qui gravitent toujours autour des gens de pouvoir. En juin dernier, le Président de la république a d’ailleurs rappelé que les ministres doivent payer leurs vacances. On pourrait même sans être taxé d’ayatollah de la déontologie du pouvoir, se demander si le président lui-même et son épouse qui ont passé leur vacances de Noël dans un palais appartenant au roi du Maroc ne seraient pas mieux inspirés de choisir des destinations plus simples et moins compromettantes. Peut-on demander, par exemple sérieusement la libération du colonel Kaddour Terhzaz, ce Franco-marocain de 74 ans, emprisonné injustement au Maroc ou de toute autre victime du pouvoir marocain si on se fait prêter un palais pour Noël ?
Michèle Alliot-Marie se défend-t-elle bien?
Non et d’ailleurs maintenant, c’est très difficile. La ministre accumule les petits oublis, les petits mensonges. « Je n’ai pas rencontré Ben Ali en tête à tête depuis 2006 » dit-elle dans le Parisien. Faux ! La ministre l’a rencontré en entretien le 30 novembre dernier à Tripoli, ce qui est d’ailleurs tout à fait normal mais n’est même plus assumé. Preuve que dans cette tourmente, certains dirigeants n’arrivaient plus à faire le tri de ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Nicolas Sarkozy s’est fait élire sur la rupture, aussi en matière de gouvernance, sur la « république irréprochable »…on oublie souvent la fin de cette phrase d’avril 2007 : « je veux changer la pratique de la République : plus de simplicité, plus de proximité ». Nicolas Sarkozy faisait référence à ses prédécesseurs peu regardants, François Mitterrand et Jacques Chirac qui -soit dit en passant- membre du conseil Constitutionnel est toujours logé gratuitement par les Harriri à Paris. Le pire c’est que beaucoup de responsables politiques français trouvent surtout que Michèle Alliot-Marie a commis une terrible maladresse mais rien de vraiment très grave au fond… Ces même personnages s’alarment de la perte de repères d’une partie de la jeunesse, de l’augmentation des incivilités. La civilité, vous savez, ce qui se fait et ce qui ne se fait pas.
C Q F D
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