Deux kilomètres à pied, ça use, ça use...

Tous les « communicants » politiques vous le diront. Les « observateurs » aussi, de même que les « commentateurs » et les « experts »… Pour qu’un politique ne se déconnecte pas des réalités, il faut qu’il rencontre « des vrais gens ».
Ce qui accrédite l’idée, soit dit en passant qu’il peut y en avoir des faux. Des gens faux, je sais globalement ce que c’est et vous aussi certainement. Pour faire court, des personnes qui ne disent pas toujours la vérité. Mais des faux gens ? Les derniers que j’avais vu c’était à la TV, étant enfant. Ceux que David Vincent zigouillait et qui, une fois morts se transformaient en fumée… Les Envahisseurs… 
" Bonjour Monsieur Vincent ! " Bref, des aliens !
Mais je digresse...
Dans la bouche des personnes citées plus haut, des « vrais gens », c’est plutôt, sans populisme aucun, des péquenots, des QI faiblards, des qui vivent du mauvais côté du périf, des indiens avec un chapeau rond ou un béret basque sur la tête, des qui paient leurs vacances à l’étranger avec leur carte bleue. Et figurez-vous que ces gens là, c’est vous et moi… Si, si…
C’est donc à notre rencontre que part régulièrement notre Président de la République au cours de voyages en province. Dernier voyage connu en date : Saint-Amand Montrond ( mardi 1 er février ). Objectif : rencontrer des « vrais gens » maires de communes rurales de leur état. Et là… Face à face entre notre Président et un élu PCF ( oui, il en reste ! ), j’ai nommé Monsieur Jean-Pierre Charles.
L’élu fait part du dysfonctionnement de la Poste dans sa commune. Il se plaint de délais de distribution très longs et insiste plus particulièrement sur le fait que huit jours sont parfois nécessaires pour délivrer une lettre à deux kilomètres du bureau de poste.
Réponse présidentielle : « Vous me dites, Monsieur le Maire, qu’une lettre met huit jours à arriver… Ecoutez… Faites donc les deux kilomètres… »
Que voulez-vous, les vrais gens, souvent, n'ont pas le sens des réalités...
Ce qui est sûr, c'est qu’il est moins porteur électoralement de clouer au pilori un postier qui traine qu’un magistrat éventuellement laxiste…

Source : Le Canard Enchaîné N° 4711